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Califat (Arabe : خِلافَة) désigne la direction politique et religieuse de la communauté musulmane. Le terme khalifa - qui est utilisé dans le Coran en référence à Adam (2:30) et David (38:26), en plus de sept autres occurrences au pluriel - est compris dans la théorie juridique sunnite comme étant le successeur du prophète Muhammad.La position du calife est la plus centrale de toutes les institutions politiques de l'histoire de l'islam classique, et les questions concernant la légitimité de ceux qui occupent cette fonction, l'étendue de ses pouvoirs, ainsi que les accommodements théoriques et pratiques qui lui ont été imposés au cours de sa longue carrière, sont au cœur de l'histoire politique et religieuse de l'islam.

Dans le sunnisme

Les musulmans sunnites croient que Muhammad n'a pas désigné de successeur à sa mort. Selon cette vision, qui a également été généralement adoptée par les historiens modernes de l'histoire islamique ancienne, un certain nombre de compagnons de Muhammad se sont réunis à Médine immédiatement après sa mort pour délibérer sur la question de sa succession. Lors de cette réunion, Abu Bakr, membre de la tribu de Quraysh à laquelle Muhammad appartenait et l'un de ses compagnons les plus influents, a été élu premier calife.

Dans le chiisme

La succession fut rapidement reconnue par les autres compagnons, y compris Ali, le cousin et gendre initialement récalcitrant de Muhammad, qui devint plus tard l'objet des revendications légitimistes des Chiites. Le point de vue de ces derniers concernant la succession de Muhammad est en totale contradiction avec celui des Sunnites. Pour eux, Muhammad avait en fait désigné un successeur en la personne d'Ali, et la plupart des compagnons du Prophète étaient coupables d'avoir subverti ce testament explicite, tout comme les successeurs des premiers musulmans pour avoir continuellement nié les prétentions des descendants d'Ali, les imams, à la direction politique et religieuse de l'islam.

Histoire de l'Institution

Califes Rashidun

Le califat d'Abu Bakr (632-634), qui marquait la continuation de la politique que Muhammad avait fondée à Médine, fut contesté par plusieurs tribus de la péninsule arabique. Elles avaient reconnu l'autorité de Muhammad en embrassant l'islam et en envoyant des tributs à Médine, mais plusieurs d'entre elles refusèrent maintenant de maintenir leur statut de tributaires, et certaines renièrent également leur allégeance à la nouvelle foi. Le premier défi d'Abu Bakr fut de soumettre ces tribus rebelles pour assurer l'avenir du califat naissant. Les armées qu'il envoya contre elles ne se contentèrent pas de réaffirmer l'autorité de Médine, mais se lancèrent dans une voie extraordinairement audacieuse de conquêtes en dehors de la péninsule arabique. Muhammad avait déjà mené des campagnes dans le désert syrien, et les armées musulmanes entreprirent maintenant des opérations simultanément dans les territoires byzantins de Syrie et de Palestine, ainsi que dans les territoires sassanides. Le degré auquel la conquête des territoires byzantins et sassanides résultait d'une planification minutieuse ou d'une coordination de Médine est incertain ; cependant, au moment de la mort d'Abu Bakr (634), deux ans après la mort de Muhammad, l'État islamique naissant était déjà en voie de devenir un grand empire mondial.Les débuts de l'organisation administrative du califat sont attribués au successeur immédiat d'Abu Bakr, Umar ibn al-Khattab (r. 634-644). Il créa un registre militaire (diwan) pour le paiement des troupes et la distribution de pensions à d'autres membres de la communauté musulmane. C'est sous son règne que les premières villes-garnisons furent.

Les Omeyyades

Tout comme leurs prédécesseurs, les Omeyyades étaient membres de la tribu des Quraysh. Contrairement à ces derniers, les quatre premiers califes, après de nombreuses controverses, furent distingués des dirigeants ultérieurs et vénérés par les sunnites en tant que califes bien guidés, les Rashidun. L'avènement des Omeyyades marqua l'établissement d'une dynastie califale. Mu'awiya (r. 661–680), fondateur de cette dynastie, fondait son règne sur une cultivation et une manipulation soigneuses des liens avec les notables tribaux (ashraf). C'est par ces liens qu'il parvint non seulement à gouverner, mais aussi à faire reconnaître son fils, Yazid I (r. 680–683), comme héritier. Cependant, ce système de gouvernement par l'intermédiaire de tribus fut de courte durée. Après la mort de Mu'awiya, plusieurs révoltes disparates – souvent qualifiées de deuxième guerre civile – éclatèrent dans différentes parties de l'empire. Parmi celles-ci figurait la révolte de Hussain, fils d'Ali et petit-fils du Prophète, qui fut tué en Irak en 680 avec un petit groupe de ses partisans. Bien que peu significatif au moment où il se produisit, cet événement acquit une importance profonde dans l'histoire de l'islam chiite en tant que centre symbolique de la piété et de l'identité religieuse chiites. À l'époque, une autre menace pour les Omeyyades était représentée par la révolte d'Abdallah ibn al-Zubayr dans le Hijaz, en Arabie, ainsi que par les guerres factionnelles entre tribus arabes en Syrie et en Mésopotamie. En 684, alors que la guerre civile était toujours en cours, Marwan ibn al-Hakam (r. 684–685) fut élu calife en Syrie, marquant le transfert de l'autorité gouvernante des descendants de Mu'awiya, le clan Sufyanide (dont faisait partie Uthman), à un autre clan de la famille Omeyyade. Ce clan, les Marwanides, devait régner en tant que califes jusqu'à la chute de la dynastie Omeyyade en 750.Les Marwanides gouvernaient leur empire par l'intermédiaire de puissants généraux nommés depuis la capitale, Damas, et de départements administratifs de plus en plus élaborés (diwans). Les structures administratives et les traditions du haut Moyen Âge ont perduré sous les Omeyyades tout en subissant parfois des changements rapides qui exprimaient l'identité arabe et islamique évolutive du nouvel empire. Vers le tournant du VIIIe siècle, la langue de l'administration fut changée de l'ancien persan et du grec en arabe et un nouveau système de monnaie, affirmant clairement l'identité islamique des nouveaux dirigeants, fut institué. Cette identité fut exprimée de manière encore plus frappante dans l'architecture monumentale, dont les deux exemples les plus célèbres encore existants sont le Dôme du Rocher à Jérusalem, construit sous le règne du calife Abd al-Malik (r. 685–705), et la mosquée omeyyade à Damas, construite sous son successeur al-Walid I (r. 705–715).Bien que les Omeyyades soient souvent dépeints comme des « rois » mondains dans l'historiographie arabe (une image défavorable qui doit beaucoup au fait que l'historiographie islamique ancienne est en grande partie l'œuvre de ceux qui étaient défavorablement disposés envers cette dynastie), c'est sous leur règne que les institutions religieuses, culturelles et politiques islamiques ont commencé à prendre leur forme distinctive. Les califes, bien qu'éloignés du mode de vie austère des Rashidun, n'étaient pas pour autant les dirigeants impies que les chroniqueurs arabes médiévaux et de nombreux chercheurs modernes ont souvent représentés. Comme l'ont montré Crone et Hinds, leurs pièces de monnaie, leurs déclarations officielles et leurs panégyristes les ont souvent caractérisés comme les « députés de Dieu », une formulation mal vue par les érudits religieux, mais qui suggère quelque chose de la portée et de la gravité des revendications religieuses omeyyades. On sait que les califes ont rendu des décisions sur des questions relatives au droit islamique et au rituel, et certains d'

Les Abbassides

Le nouveau centre de l'empire était l'Irak plutôt que la Syrie, et les bureaucrates d'origine iranienne étaient importants dans le califat abbasside (750-1258) dès ses débuts. Le nouvel empire était, comme son prédécesseur, également un "royaume arabe", et il y avait en effet des continuités importantes entre les califats omeyyades et les premiers califats abbassides. Cependant, ce dernier était beaucoup plus inclusif en termes d'origines ethniques de ses soldats et bureaucrates, et beaucoup plus réussi dans l'assimilation de ses sujets non-arabes dans l'empire islamique. Ses emphases idéologiques étaient également différentes de celles de son prédécesseur. Contrairement aux Omeyyades, les Abbassides ont mis l'accent dès le début sur leur parenté avec le Prophète comme justification de leurs revendications au califat. Ceci est resté l'un des principaux fondements de leurs revendications légitimistes, bien que ce ne fut pas le seul. Les premiers califes abbassides ont également tenté d'invoquer, notamment dans leurs titres de règne, les attentes messianiques répandues à l'époque; ils ont cherché, à l'instar des Omeyyades à leur manière, à renforcer leur autorité en faisant appel aux traditions royales et à la symbolique pré-islamiques, et ils présidaient à des cercles élaborés de patronage qui impliquaient un large éventail de l'élite culturelle et religieuse de l'époque. Bagdad, fondée par al-Mansur (r. 754-775) comme nouvelle capitale, avait une symbolique impériale évocatrice inscrite dans sa conception même, mais elle devint rapidement aussi le centre de la culture et de l'apprentissage, ainsi que du dialogue non seulement entre divers groupes musulmans et les écoles et sectes émergentes, mais aussi entre musulmans et non-musulmans.Le premier siècle du règne abbasside fut une période d'efflorescence culturelle et religieuse extraordinaire, non seulement à Bagdad mais aussi dans les grandes villes provinciales. C'est à cette époque que les fondateurs éponymes des principales écoles de droit sunnite et chiite fleurirent. La collecte systématique des traditions du Prophète, le hadith, commença à se faire à cette époque ; certains des premiers travaux existants de hadith remontent à cette période, tout comme la première grande biographie du Prophète, la Sirah d'Ibn Ishaq (d. 767). Sous le patronage royal, des efforts systématiques furent faits pour traduire des œuvres philosophiques et scientifiques anciennes en arabe, et c'est à cette époque que se développèrent la théologie islamique, notamment l'émergence des Mu'tazilites rationalistes, ainsi que les débuts de ce qui deviendrait plus tard l'islam sunnite et chiite.Cependant, cette époque formative fut aussi une période de considérable agitation politique. Un certain nombre de révoltes chiites, dont la plus sérieuse eut lieu à Médine et à Bassora en 762, menaçaient le pouvoir abbasside. L'existence des descendants d'Ali, les imams chiites, et de leurs adeptes au sein de la communauté continuait à remettre en question la légitimité abbasside. Le Khurasan, où la révolte abbasside avait pris naissance, connut de nombreuses révoltes contre l'État califal dans les premières décennies après la révolution. L'empire fut également secoué par une guerre civile destructrice entre deux fils de Harun al-Rashid (r. 786-809), aboutissant à l'assassinat du calife en exercice, al-Amin (r. 809-813), et à la succession de son frère et gouverneur du Khurasan, al-Ma'mun (r. 813-833). Cet assassinat, et l'incertitude et le désordre généralisés qui ont accompagné et suivi la guerre civile, ont considérablement affaibli l'État abbasside, nécessitant de nombreux efforts de la part du calife pour réaffirmer son autorité. Cet effort prit des formes inhabituelles.Contrairement à ses prédécesseurs abbassides, al-Ma'mun revendiqua une forte autorité religieuse, à savoir la capacité de déterminer au moins une partie de ce que ses sujets devaient croire. Vers la fin de son règne, il institua le mihna, une inquisition visant à imposer la conformité à la doctrine théologique selon laquelle le Coran devait être considéré comme la parole "créée" de Dieu. Indépendamment de la provenance de cette idée ou de son mérite théologique, cela permit au calife de faire valoir son autorité en tant qu'arbitre de la vie religieuse de la communauté. L'inquisition était apparemment destinée non seulement à étendre la portée de l'autorité califale, mais aussi à humilier bon nombre de ces érudits de hadith et de loi dont l'influence croissante dans la société était ressentie par le calife et qui, par conséquent, étaient parmi les principales victimes du mihna. Mais al-Ma'mun mourut peu de temps après le début de l'inquisition, et bien qu'elle se soit poursuivie sous deux de ses successeurs immédiats, elle fit davantage, à long terme, pour définir le credo sunnite de la "non-création" du Coran et pour consolider les rangs des premiers érudits sunnites que pour renforcer l'autorité religieuse du calife. Les califes ultérieurs étaient généralement plus enclins à s'aligner sur les érudits religieux sunnites pour affirmer leur propre rôle dans la vie religieuse de la communauté plutôt que de les affronter ou de les contester.Vers la fin du premier siècle du règne abbasside, le calife contrôlait toujours une grande partie de son royaume, mais son empire n'était plus aussi vaste qu'au début de la dynastie, et il se réduisait rapidement. Certaines provinces étaient déjà devenues indépendantes de facto, et.

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